Besoin d’aide SVP : Jean de la fontaine et un texte sur Mahomet.(j’ai rien compris à ce texte)?
Question by ¶Rockeur de diamant♫: Besoin d’aide SVP : Jean de la fontaine et un texte sur Mahomet.(j’ai rien compris à ce texte)?
Le Bassa et le Marchand
Un Marchand Grec en certaine contrée
Faisait trafic. Un Bassa l’appuyait ;
De quoi le Grec en Bassa le payait,
Non en Marchand : tant c’est chère denrée
Qu’un protecteur. Celui-ci coûtait tant,
Que notre Grec s’allait partout plaignant.
Trois autres Turcs d’un rang moindre en puissance
Lui vont offrir leur support en commun.
Eux trois voulaient moins de reconnaissance
Qu’à ce Marchand il n’en coûtait pour un.
Le Grec écoute : avec eux il s’engage ;
Et le Bassa du tout est averti :
Même on lui dit qu’il jouera s’il est sage,
A ces gens-là quelque méchant parti,
Les prévenant, les chargeant d’un message
Pour Mahomet, droit en son paradis,
Et sans tarder : Sinon ces gens unis
Le préviendront, bien certain qu’à la ronde
Il a des gens tout prêts pour le venger.
Quelque poison l’envoira protéger
Les trafiquants qui sont en l’autre monde.
Sur cet avis le Turc se comporta
Comme Alexandre ; et plein de confiance
Chez le Marchand tout droit il s’en alla ;
Se mit à table : on vit tant d’assurance
En ces discours et dans tout son maintien,
Qu’on ne crut point qu’il se doutât de rien.
Ami, dit-il, je sais que tu me quittes ;
Même l’on veut que j’en craigne les suites ;
Mais je te crois un trop homme de bien :
Tu n’as point l’air d’un donneur de breuvage.
Je n’en dis pas là-dessus davantage.
Quant à ces gens qui pensent t’appuyer,
Ecoute-moi. Sans tant de Dialogue,
Et de raisons qui pourraient t’ennuyer,
Je ne te veux conter qu’un apologue.
Il était un Berger, son Chien, et son troupeau.
Quelqu’un lui demanda ce qu’il prétendait faire
D’un Dogue de qui l’ordinaire
Etait un pain entier. Il fallait bien et beau
Donner cet animal au Seigneur du village.
Lui Berger pour plus de ménage
Aurait deux ou trois mâtineaux,
Qui lui dépensant moins veilleraient aux troupeaux
Bien mieux que cette bête seule.
Il mangeait plus que trois : mais on ne disait pas
Qu’il avait aussi triple gueule
Quand les Loups livraient des combats.
Le Berger s’en défait : il prend trois chiens de taille
A lui dépenser moins, mais à fuir la bataille.
Le troupeau s’en sentit, et tu te sentiras
Du choix de semblable canaille.
Si tu fais bien, tu reviendras à moi.
Le Grec le crut. Ceci montre aux Provinces
Que, tout compté mieux vaut en bonne foi
S’abandonner à quelque puissant Roi,
Que s’appuyer de plusieurs petits princes.
Best answer:
Answer by klouk ♪♫
heu…
voilà ce que j’ai trouvé : L’histoire entre un pacha (le bassa) et un marchand grec est une des seules dont nous ne connaissons pas la source. Il s’agit d’une fable double un peu particulière en ce sens qu’une histoire est imbriquée dans la fable elle-même, ce qui, aux yeux de Chamfort et de Nodier, n’est pas du plus heureux effet. Peut-être La Fontaine a-t-il voulu représenter ici les alliances des Provinces-Unies qui, voulant se soustraire à la protection du Roi-Soleil, se sont tournées vers des alliés bien plus nombreux mais peu efficaces lorsqu’ il s’est agi de les défendre contre l’agression française.
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qrieux1234
11 juin 2011 @ 21 h 42 min
ouais c’est sûr que c’est pas du françois d’aujourd’hui mec…
franchement il n’y a que la morale que j’ai a peu près comprise… c’est du machiavel pour le bon peuple…
ou du confucius à petite dose…
Enfin bref pour résumer :
– il vaut mieux être du côté des vainqueurs
Eoredd
11 juin 2011 @ 22 h 04 min
Cette fable ne concerne pas Mahomet, qui est nommé au passage, sans plus. Le marchand grec a un protecteur en la personne du Pacha, il trouve moins cher d’en avoir trois moins gourmands qu’un seul, et le Pacha lui donne une leçon de bonne gestion. Il fallait payer, en Orient, de gros pourboires pour avoir la protection des fonctionnaires: c’est le système du bakchich, auquel des membres de la famille de Mme de la Sablière (pour qui le fabuliste écrit), commerçants à Constantinople, devaient se soumettre. Dans mon édition des Fables, on signale que dans la France de Louis XIV, il était aussi très nécessaire d’avoir des protecteurs, autant qu’en Orient. Enfin, les quatre derniers vers de la moralité dégagent une signification de politique internationale et non de commerce. Nous sommes très loin de Mahomet. « Les prévenant, les chargeant d’un message / Pour Mahomet, droit en son paradis »: on conseille au Pacha de devancer (prévenir) la traîtrise du Grec en faisant assassiner les trois Turcs (les expédier au paradis de Mahomet) qui veulent le remplacer et l’assassiner lui-même (« quelque poison l’envoira protéger / Les trafiquants qui sont en l’autre monde. ») Le Pacha, au lieu de céder à l’affolement et à la violence, agit en sage et va persuader le marchand grec au moyen d’une fable qu’il lui raconte. Vous voyez donc que ce poème n’a aucun rapport avec Mahomet, il concerne l’art de persuader par des apologues, plus efficaces que le meurtre. En fin de compte, le Pacha, tout mafieux qu’il soit, a le beau rôle. La Turquie est à la mode à cette époque, les relations avec le Roi de France sont au mieux (car Louis XIV a besoin des Ottomans pour nuire à ses ennemis autrichiens) et de nombreux voyageurs et commerçants écrivent des récits et des descriptions de ce pays (Tavernier, par exemple, et Chardin à la fin du siècle). Rien d’anti-musulman, au contraire.