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Michel Chartrand
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Michel Chartrand. Syndicaliste homme de contraste et de convictions Nikon FE2
Photo: Luc Jardon / lucjardon@hotmail.com
LA COLÈRE D’UN SAGE
Même si les gouvernements ont changés ( De parti ), Je reproduit ici un texte parut dans un obscur journal syndical mais éclairé d’un Centre de soins en 1996. Article toujours d’actualité aux niveaux des ambitions politiques de nos dirigeants. Pesons aux Mont Orford ou le bien collectif est vendus aux plus offrants. Des habitations pour personnes âgées livrées au privé qui : lorsqu’ils ne réalisent pas assez de profits jettent les gens a la rue quelques jours avant Noël ( fin 2005).
"Les frères Reichman, hommes d’affaires milliardaires de Toronto, ont décidé d’expulser une vingtaine de personnes âgées de la Résidence du Parc, à Saint-Lambert, parce qu’elles leur coûtent trop cher et ne leur rapportent pas assez."( LA PRESSE ) L.J.
voir l’article SUR CYBERPRESSE
www.cyberpresse.ca/article/20051221/CPACTUALITES/51221008…
Entrevue par, Paul Maheu réalisé en 1996
Rencontre fascinante, cet homme approchant les 80 ans, l’ oeil vif, le propos incisif, cigare au bec, droit comme un chêne. 55 années de service, 55 années à revendiquer la dignité du travail, à défendre les plus faibles, 55 années à gueuler pour le respect des humains, un homme à la mémoire étonnante qui déchiquette le virage ambulatoire et les politiques à la Mike Harris. Je vous livre ici les meilleurs moments de cette entrevue d’une heure et demie, j’extirpe des 56 pages manuscrites de cette rencontre les moments les plus intenses en souhaitant vous transmettre l’énergie et la conviction humaine et sociale de cet homme hors du commun.
P.M.- Le réseau de la santé et le gouvernement annoncent de dangereuses compressions.
M.C.- "Mais , sont commencées." P.M.- Lorsque vous disiez, dans une entrevue à la revue "Notre-Dame en 86, qu’on juge de la qualité d’une société à partir du soin qu’elle prend des plus faibles et des plus démunis, peut-on dire que notre société s’en va chez le diable ?
M.C.- "Ben oui ! C’est cul pardessus tête. C’est clair que c’est cul par dessus tête ! Toute la réforme Rochon, hen, ils disent que ça tout’ du bon sens. Il faut économiser 90 millions à Montréal, mais avant ça, faut organiser les services. Si on veut remplacer quelque chose, faut mettre d’autre chose à place. Moi, j’ai une de mes amies qui est directrice d’un CLSC. Bon ben, a dit: "On avait 22 analyses de sang à faire par jour, mais on va en avoir 100.Mais j’ai dit: "Après ?" A dit: "Après, il me manque 14 médecins." J’étais en Gaspésie la semaine dernière, je parle au Directeur du CLSC. Il dit: "Ils ferment un étage à l’hôpital de Chandler." J’ai dit: "Tu vas avoir les patients, as-tu du monde pour en prendre soin ?" Il dit: "non." C’est quoi ça ? Ça, c’est le virage ambulatoire. "…
…"On vit en société, hein, on est né pour être des animaux sociaux. Aristote a dit ça, pis St-Thomas d’Aquin, pis Marx, pis quand même qu’ils l’auraient pas dit, c’est ça !"…
…"Quand on parlait de l’assurance-hospitalisation, y disaient qu’on était des fous, ta, ta, ta …Ça coûtait 600 millions par année aux citoyens. Avec 600 millions, t’hospitalisais tout le monde, mais après être hospitalisés, c’était pas assez, après y’on dit, on va couper les médicaments parce que y’a du monde qui s’en vont en Floride avec des poignées de médicaments. Mais c’est qui, qui les prescrit, ostie ? C’est qui qui les vend ? C’est des professionnels, christ ! Alors si Rochon veut dompter les professionnels, christ, pas sur le dos des employés, lien ? Les professionnels, les spécialistes, ils leur donnent 300,000$ pour qu’ils laissent la job…Toi, quand tu vas laisser ta job, vas-tu avoir 300,000$ …"C’est la responsabilité de l’État de faire travailler le monde, de permettre au monde de s’épanouir, quels que soient leurs parents, quelles que soient leurs aptitudes, quelles que soient leur infirmité, physique ou psychologique. Faut que chaque être humain… C’est des personnes, c’est pas des patients, c’est pas des bénéficiaires, c’est pas des clients, c’est des personnes humaines."…
…"L’autre jour à TVA, y avait… faut-y couper les services ou ben voir au déficit. C’est pas ça qui est la bonne question. Faut donner les services qui faut pour les personnes."…
…"Au Danemark, mon frère. Y’a pas de taxe sur les salaires et les fling-flang. La taxe est personnalisée, progressive, y’a de la sécurité sociale. En Suède, c’est pareil. Mais ça, y faut pas en parler de ça, je veux dire, faut parler des christ de fous et de n’importe quelle niaiserie ! Pis quand tu vois des gars comme Vastel, j’ai dit ça à Mme Bombardier hier, ça va passer le 9 mars cette émission là, j’ai dit Vastel et Sansfaçon qui disent que les clauses du syndicat, c’est archaïque, nous autres, l’ancienneté, pis le bien-être social. Quand les syndicats travaillent, y travaillent pour tout le monde, ostie ! Hein ? L’assurance hospitalisation , ça été pour tout le monde !" …
…"On se fait voler de partout, pis là, y vont nous amener des voleurs étrangers pour les aqueducs. En France, c’est tout’ des compagnies privées, qui ont été toutes en cour et qui sont condamnées à 400 millions. C’est eux autres qui font des routes, des autoroutes, des TGV, pis là, ils veulent nous avoir des autoroutes payantes, ils vont s’emparer des ponts, calvaire ! On est tombé sur la tête ! Pis là, les syndicats sont là, pis y disent "C’est épouvantable, y’a trop de chômage, faut pas se battre." Et ben, ben, ben… Pis quand c’est prospère, y disent: "T’es fou, t’as une belle job, pourquoi tu te bats ?"…
…"Si on se serait pas battu, on ne serait pas où est-ce qu’on est là, mon frère, pis là, on est en train de reculer, câlisse ! Des gros et grands garçons comme vous autres, vous devriez pas endurer ça, ostie ! Hen ? Faut pas ! Moi, quand y me parle de partenariat, pis tout ça, j’ai vu ça, moi, du partenariat dans des syndicats forts, quand le boss était à terre, il devenait poli ! Tu convaincs pas un capitaliste, christ avec des arguments, c’est pas vrai. J’ai jamais vu ça ! Dans 300 ans, les ouvriers ont jamais fait ça, non plus, ni en Angleterre, ni en France, ni nulle part."…
P.M.- Le réseau de la santé qui travaille auprès des malades et des personnes âgées est assumé en grande majorité par des femmes, par des femmes qui font partie des mêmes syndicats que ceux des métiers à majorité masculine. Comment se fait-il qu’une femme qui soigne des malades est payée moins cher qu’un homme qui plante des clous dans une planche ?
M.C.- "J’ai parlé de ça l’année dernière. J’ai parlé au syndicat des employés de l’Université de Montréal. L’Université de Montréal en 89 a signé pour l’équité salariale pis on est en 95, l’année dernière, quand je suis allé au mois de mars, il ne l’avait pas encore."……"Un hôpital, ça marche 24h par jour une maison d’accueil ça marche 24h par jour, 365 jours, cette année, ça va marcher 366 jours. C’est quoi le monde sur appel ? Pis les infirmières sur appel ? 60 % du personnel sur appel ! Les gens qui sont sur appel, faut qu’y fassent leur ouvrage de 7 heures en-dedans de 4 heures. C’est quoi ça ?, Faut arrêter ça, faut vous respecter vous autres mêmes. Respectez votre métier.
P.M.- Comment ça se fait que les femmes sont tout le temps moins payées ?
M.C.- "Ben oui ! Ben oui ! Faut qu’elles se battent d’avantage. Pas rien que les universitaires qui ont des garderies, faut que les femmes ordinaires continuent à se battre. L’espoir, au Québec, c’est que 4 à 5 mille organismes populaires existent et que 80 % de ce monde là, c’est des femmes. Quand y vont comprendre le problème politique. Tu sais les syndicats, ils n’ont pas voulu s’occuper de politique, et ben, christ, la politique elle, a s’occupe de toi. C’est elle qui décide des affaires, la politique. En Ontario, les gars n’aimaient pas beaucoup le NPD, alors M. Rae a fait des affaires qu’ils aimaient pas. Ils l’ont battu pis tu vois comme ils sont pris avec Harris. Ce n’est pas d’un parti politique que je parle pour les syndicats, c’est un mouvement politique. Faut que les syndiqués, à partir de leur travail, ils apprennent comment ça marche dans la société. Le pouvoir économique pis le pouvoir d’information, c’est-à-dire de formation de la mentalité. M. Desmarais, y’a La Presse, le Nouvelliste, la Tribune pis il est en multimédia, pis c’est çi, pis c’est ça, et pis M. Péladeau, y’a le Journal de Montréal, le Journal de Québec pis 58 hebdos."…
…"T’as vu en France, la grève des employés des services publics, les employés des entreprises privées qui marchaient, les approuvaient, stie ! En France, t’as Le Monde et t’as le Nouvel Observateur hebdomadaire, t’as le Canard enchaîné, qui dénonce tous les bandits, t’as l’Express, t’as une série de journaux de gauche qui disent les problèmes du peuple. Icitte, on n’en a pas ! Christ ! Le mouvement ouvrier n’a pas été capable de s’en donner un.
( * PEUT ÊTRE REMPLACÉ PAR LA LUTTE CONTRE LA LOI SUR LE CPE DERNIÈREMENT EN FRANCE (CELA ME RAPELLE UN PEU LES CLAUSES ORPHELINES DANS PLUSIEURS SYNDICATS OU LES JEUNES N’ONT PAS EU LES MÊME CONDITIONS DE TRAVAILLE DEPUIS QUELQUES ANNÉES. L.J.))
P.M.- Croyez-vous que des gens qui s’impliquent à la base d’un syndicat, qui créent leur propre journal, qui émettent des opinions, qui suscitent des débats et qui même provoquent des remises en question de certaines décisions syndicales, de certains choix de direction, croyez vous que cela démobilise ?
M.C.- "Au contraire, ceux qui sont démobilisés, c’est des innocents …Alors que le syndicalisme, t’apprends pas ça sur les genoux de ta mère, t’apprends pas ça à l’école, pis encore moins à l’université, alors faut que tu l’apprennes au syndicat."…
…"Pis là , les journalistes y disent que les officiers sont loin des membres. C’est pas les officiers qui sont loin des membres, christ, c’est les membres qui sont loin des gars qui ont le cœur de prendre des jobs, ostie !"…
(* IL EST VRAI QUE LA TÂCHE D’ OFFICIERS SYNDICAL N’EST PAS DE TOUT REPOS, QUE CEUX QUI TRAVAILLENT AUX LOCAL NE SONT PAS PLUS RÉMUNÉRÉS, QUE LE MÊME SALAIRE ATTACHÉ A LEUR EMPLOIS. PARFOIS DONNANT DES HEURES DE BÉNÉVOLAT POUR COMBLER LA TÂCHE. CE QUI EST UN PEU DIFFÉRENT DES REPRÉSENTANTS DES CENTRALES, BIEN QU’IL EN AIT PLUSIEURS PARMI EUX AUSSI QUI SACRIFIE FAMILLES, TEMPS, ET SANTÉS. L.J.)
P.M.- Qu’est-ce que vous pensez du pacte de non-maraudage entre les trois centrales ?
M.C.- "Ça, ça fait longtemps que ça aurait dû exister. Sauf que les gens y’ont droit de changer, les centrales, s’il y en a deux, elles doivent se faire la concurrence sur la qualité des services."…
P.M.- Vous avez fondé, en 63, le parti socialiste du Québec. Comment expliquez-vous, qu’après plus de 30 ans, les partis revendiquant plus d’équité sociale, soient toujours marginaux ?
M.C.- " Ça, j’ sais pas. Les Canadiens français, y’ont pas compris. Faut continuer de leur expliquer, malgré qu’on est allé chercher de la sécurité sociale pareil, mais là, y savent pas comment faire pour l’empêcher."… …"Y’a pas de formation politique ! Alors, n’importe qui peut te dire n’importe quoi. Le maire Bourque, l’autre jour, à la télévision, y dit qu’on va privatiser l’aqueduc. Avec des bandits Français, la Lyonnaise des eaux, la Générale des eaux. Ils ont été arrêtés, ostie, en France ! Y’ont payé l’amende ! Alors, la dame a dit: "Comme ça, ça va coûter meilleur marché de taxes ?" "Oui, madame." C’est vrai que ça va coûter meilleur marché de taxes mais, christ, tu vas payer l’eau ! Comme la taxe sur l’électricité, la taxe sur le téléphone, c’est-tu des objets de luxe ça, câlisse ? Hen ? Pis Québec qui met sa taxe par-dessus celle d’Ottawa, pis des gens ont applaudi à ça, câlisse . Parce que c’était le parti Québécois qui faisait ça ! Hen ! Faut faire un mouvement politique, c’est-à-dire réunir les groupes populaires, les groupes de syndicats. C’est pas une idéologie folle, c’est juste dire que 1e gouvernement doit être là pour servir les besoins de la population."…
P.M.- Moi, comme président du syndicat, quand je parle aux employés, ce que je revendique, c’est la qualité des soins qu’il faut qu’on donne. Mais moi, le directeur, quand je le rencontre, il me dit: "C’est pas 75 %, c’est 70 %…"
M.C.- "Ma femme, quand elle est allée à l’hôpital, une semaine pendant sa maladie, pendant qu’elle mourrait de cancer, l’infirmière-chef, a voulait pas que je me tienne là. "Là", y parle des salles pour les mouroirs, pis c’est çi, pis c’est ça. Je l’ai envoyé promener lien ! Les infirmières y avaient pas le temps: dans le jour, y étaient huit, à 3 heures, y étaient quatre, pis la nuit, y étaient deux. Il y avait 32 patients mourants, c’est-tu la nuit ou bien le jour qui ont besoin d’infirmières ? Hen ? Hen ? Vous connaissez ça, stie, vous connaissez votre métier, vous connaissez des affaires, alors, c’est de dire aux membres: "Christ, là on va faire notre métier comme il faut." Es-tu capable de faire ton métier, prendre soin des vieux comme il faut ? Ou bedon tu leur garroches la cuillère, ostie ?"…
P.M.- Pensez-vous que la société va changer?
M.C.- " Ah ! Elle va changer. Elle a changé, on peut la faire changer encore davantage, mais il faut se donner un peu d’organes pour parler au monde. Là, t’as rien que la télévision qui parle au monde, pis le Journal de Montréal."… •
REMERCIEMENTS PARTICULIERS
A Madame Lorraine Guérin et à Madame Diane Pinard pour leur collaboration précieuse à la transcription ‘ de cette entrevue.
Axa poursuit son développement à l’Est :
Le groupe Axa a annoncé le 30 décembre l’acquisition de 80% du capital du biélorusse B&B Insurance dans le cadre de la poursuite de son développement en Europe centrale et de l’Est. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public.
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